La gestion de l’eau en permaculture

Nous le savons : l’eau douce est une denrée limitée, qui représente seulement 3 % de la ressource totale en eau sur notre planète. L’agriculture conventionnelle, les activités industrielles polluantes et le réchauffement climatique participent à la raréfaction de cette ressource essentielle. En permaculture, il existe de nombreuses techniques pour collecter et stocker l’eau de façon efficace et autonome. Baissière, récupération d’eau de pluie ou système d’irrigation : voici comment gérer vos ressources en eau dans votre jardin.
La gestion de l'eau en permaculture

Gestion de l’eau et plan de jardin

Un des principes fondamentaux en permaculture est de capter et stocker les ressources disponibles directement sur le site, afin d’en exploiter tous les bénéfices. On va donc chercher à recycler et faire circuler l’eau dans le jardin permacole, à travers divers systèmes de récupération. Mais pour rendre votre écosystème autonome et résilient, vous devrez soigner votre plan de jardin en amont.

Bien gérer l’eau de son jardin, une affaire de design

Dans un premier temps, estimez les besoins en eau de votre jardin en fonction de la surface de vos parcelles, et éventuellement les points d’eau pour vos animaux. À titre indicatif, un jardin consomme entre 15 et 20 litres d’eau/m². Pour vous simplifier la vie, l’idéal est de concevoir la gestion de l’eau en même temps que votre plan de jardin. Observez les points d’eau disponibles : il s’agit de la capter au plus près de sa source (pluie, cours d’eau, réseau d’eau domestique…), puis de la stocker. Enfin, il faudra la faire circuler de manière pertinente, afin d’éviter de gaspiller du temps et de l’énergie dans l’arrosage manuel. Pour ce faire, on peut imaginer une multitude de solutions :
  • Récupérer l’eau de pluie,
  • Mettre en place un système d’irrigation,
  • Recycler l’eau déjà utilisée (eau de nettoyage des légumes, bains d’animaux, etc)
Lors du zonage de votre terrain, regroupez au maximum les plantes ayant les mêmes besoins en eau : arrosage régulier ou moins fréquent, par aspersion ou au pied…

Le principe des baissières

La conception du design de votre jardin peut directement inclure des zones de captation. Les baissières (ou swales) sont des constructions de terrassement, permettant de tirer profit des eaux de ruissellement. Ces talus suivent les lignes de niveau du terrain, et permettent :
  • De prévenir l’érosion des sols,
  • De stocker l’eau de pluie par infiltration,
  • De conserver l’humidité de la terre, et ainsi hydrater vos plantations environnantes.
L’eau de pluie s’écoule sur ces ouvrages, et est récupérée dans une rigole en contrebas. Elle s’y accumule et pénètre le sol plus en profondeur, le surplus restant dans la rigole. Les arbres et autres plantes environnantes bénéficient ainsi de cette ressource à leur disposition, sur une plus longue durée. En réorientant le flux d’eau, elle protège les cultures d’une éventuelle inondations lors de fortes précipitations.

Conseils d’arrosage

L’arrosage manuel est conseillé, car il permet de vous adapter aux besoins hygrométriques de chaque plante. Pour optimiser votre consommation d’eau au maximum, arrosez seulement lorsque vos cultures en ont besoin. Il est préférable de le faire au moment le plus frais de la journée, pour éviter que l’eau ne s’évapore avant de s’infiltrer dans le sol. En été, arrosez en début de soirée afin que les plantes profitent d’une terre humide le plus longtemps possible. Enfin, ne négligez pas le paillage de vos cultures : un sol couvert conserve bien mieux l’humidité et limite considérablement ses besoins en arrosage !

Choisir son système d’arrosage

La récupération d’eau de pluie

Pour de petites surfaces, un système de récupération d’eau de pluie est parfaitement adapté. Cette ressource gratuite vous permettra de réaliser des économies considérables sur votre consommation d’eau potable. Dans un premier temps, il faudra estimer la capacité de stockage dont vous aurez besoin en fonction de la surface à arroser. Stockez l’eau le plus haut possible : vous pourrez ainsi utiliser la gravité pour la faire circuler sans efforts. Pour ce faire, placez un bac à la sortie de chaque gouttière, ou reliez les gouttières entre elles jusqu’à une unique sortie. Les cuves peuvent être enterrées pour gagner de la place. En cas de pluie abondante, il peut être intéressant de rejeter le trop-plein dans une mare ou un bassin proche.

Le système d’irrigation

Pour de plus grandes surfaces, comme un jardin-forêt, vous pouvez mettre en place un système d’irrigation, surtout si votre sol est bien drainé et sableux. Il faudra alors installer un réseau de tuyaux, enterrés à environ 30 cm du sol ou simplement posés à la surface. Si vous choisissez cette option, n’hésitez pas à prévoir des points de connexion afin d’installer d’éventuelles nouvelles sections dans le futur. Selon vos besoins, 2 options s’offrent à vous :
  • Le goutte-à-goutte : l’eau passe à faible débit de façon ciblée vers la zone racinaire des plantations. Vous aurez au préalable percé les tuyaux, ou installé des goutteurs individuels.
  • L’aspersion : des micros-jets ou micro-asperseurs peuvent être connectés au tuyau principal. Ils peuvent alors couvrir une surface jusqu’à 6 m.

Les oyas

Les oyas sont une solution d’arrosage low tech, écologique et discret. Il s’agit de petites poteries, que l’on enterre à proximité des cultures. Il suffit de les remplir environ une fois par semaine : l’eau contenue dans les oyas va se diffuser petit à petit dans le sol, à travers les parois poreuses. Facile d’utilisation, ce système est particulièrement pratique en cas d’absence prolongée !